[Conseil municipal de Lyon : séance du 7 décembre 1987]

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localisation Bibliothèque municipale de Lyon / P0741 FIGRPTP1172G 05
technique 1 photographie positive : tirage noir et blanc ; 20 x 15 cm (épr.)
historique Les conseillers municipaux de la ville de Lyon se sont livrés [le 7 décembre 1987] à une séance marathon. Réunis autour du maire Francisque Collomb, ils ont dû faire face à un ordre du jour particulièrement chargé, même si une douzaine de dossiers ont dû être retirés provisoirement jusqu'à la décision d'une commission de programmation. Trois dossiers seulement ont suscité le débat : le projet ISENTEC (Institut supérieur européen de formation aux langages et techniques des nouvelles technologies de l'expression et de la création, de l'éducation et de la communication), la salle de rock de Stalingrad et une fois de plus le dossier OL. En début de séance un rapport a eu le privilège de rompre la monotonie habituelle et de réunir, dans les éclats de rire, un consensus général. Les conseillers ont eu à se prononcer sur l'implantation de distributeurs automatiques de préservatifs dans six WC publics situés sur le trajet Terreaux-Bellecour, plus un à la Part-Dieu. Le rapporteur du dossier, la docteur Michel, a réussi grâce à une intervention pertinente, à recueillir l'unanimité et le sourire de ses collègues : "Ce dossier ne mérite·pas un long rapport, si j'ose dire. De nombreuses réticences n'avaient pas fait capoter le sujet, qui se situe au-dessus des parties, j'espère ainsi l'unanimité !". Du côté culture, une subvention de près de quatre millions de francs pour la rémunération de personnel a été adoptée. Alors que deux rapport importants étaient provisoirement retirés jusqu'à la décision d'une commission de programmation, au grand désespoir d'André Mure, adjoint-à la culture : "l'aménagement de studios de répétition de musique en sous-sol au Centre Berthelot et la restructuration du musée des beaux arts ne méritaient pas ça. Je vous invite simplement a visiter l'exposition quatrocento pour juger de l'importance des aménagement a entreprendre". Les deux dossiers devraient normalement figurer à l'ordre du jour du prochain conseil. Les conseillers ont ensuite voté à l'unanimité moins une voix (celle du socialiste Philippe Millon-Rousseau) une subvention de cent soixante sept mille francs à l'ADERLY pour le projet ISENTEC. L'étude de faisabilité a recueilli l'accord de l'assemblée, malgré quelques réticences. Certains conseillers souhaitant même voir le projet étendu à Saint-Etienne et Grenoble. Si l'on a voté à l'unanimité le projet concernant la future salle du boulevard Stalingrad, les débats ont essentiellement porté sur l'ensemble du dossier des salles de spectacles de l'agglomération. C'est ainsi que l'on a plus souvent entendu prononcer le nom de Chassieu que celui de Stalingrad. Avec en coup d'envoi la déclaration du rapporteur. L'inévitable André Soulier : "Chassieu est un projet d'agglomération qui se poursuit et, en France, on ne connaît pas de projet aussi vaste conçu par une municipalité", a lancé le premier adjoint. Une tirade pour l'autosatisfaction de la ville de Lyon, nécessaire pour lancer véritablement le sujet, étant entendu que depuis le vote en conseil municipal, des particularités ont été supprimées sur le site d'Eurexpo. "Le maire de Lyon a considéré que six mille places suffisaient et que les grands concerts, dans le cadre des protections connues pour le concert de David Bowie, auraient lieu au stade de Gerland. Chassieu nous permet quand même d'en finir provisoirement avec le palais des sports pour les spectacles de six mille personnes". Ce préambule terminé, André Soulier s'est attaqué au corps du sujet : "Notre affaire est de donner leur chance à des groupes qui commencent à se faire connaitre, sans que les voisins soient gênés. Or il nous manquait pour les groupes locaux une salle, d'une capacité de quatre cents à huit cents places, pour qu'Ils se produisent". Reste la situation alambiquée du terrain, le bâtiment appartenant à la CoUrLy, qui en a d'ailleurs reloué une partie à la ville de Lyon pour le compte de ses espaces verts. Le tout sur un terrain de Villeurbanne, aspect important s'il en est puisque Chartes Hernu devra à ce titre signer le permis de construire. Pas de problème de ce côté-là, ni vis-à-vis du maire de Caluire question désagrément phonique, a promis André Soulier. Restait le prix à annoncer : sept millions de francs environ. Les autres et nombreux intervenants pouvaient prendre la parole à leur tour. Premier sur la ligne de départ, le socialiste Pierre Laréal. "Lyon mettait en oeuvre une politique qui allait donner satisfaction aux amateurs de rock et variétés. L'abandon de Chassieu pour les grands spectacles est donc très surprenant. Pourquoi abandonner l'atout majeur de l'implantation de cette salle à Chassieu. Ne serait-ce qu'un nouvel effet d'annonce comme nous en avons déjà connu ? Annoncer un projet urbi et orbi, sans l'accord préalable du maire concerné, semble pour le moins léger". Le ton était donné, et André Vianes s'enquérait des points de détail, les socialistes ayant voulu comme André Soulier, replacer le projet Stalingrad dans son contexte général : "Cette salle peut-elle s'insérer dans le projet d'ensemble du lieu ? A moyen ou long terme, cet équipement est-il compatible avec les ambitions de la cité internationale du quai Achille-Lignon et de la technopole de La Doua ? A ces questions, André Soulier ne répondra pas immédiatement s'attachant dans un premier temps, avec véhémence, à rappeler qu'aucune nuisance n'est possible pour les habitants les plus proches. Mais le ton redeviendra rapidement aimable, tant il était manifeste que toute l'assemblée voulait préserver un consensus municipal en voie d'élaboration depuis plusieurs semaines sur le sujet. Oui, la convention est valable pour dix années, non il ne faut pas geler indéfiniment les sites, oui, "le problème de l'intégration risque de se poser d'ici les années 95", comme le précisera Jacques Moulinier avec son autorité d'adjoint à l'urbanisme. II y en a pourtant un à qui personne ne répondra, c'est le communiste René Chevailler. "J'éprouve le sentiment de malaise au vu de la tournure des développements à Chassieu. Nous voilà placés dans une situation délicate ; si l'on relit le précédent compte-rendu, on s'aperçoit qu'il nous était dit que le maire de Chassieu était parfaitement d'accord Et qu'il était un ami personnel du maire de Lyon". L'élu communiste s'interroge alors sur la supposée concertation avec les professionnels du spectacles et les groupes, sur la complémentarité avec les autres réalisations. Non sans avoir réitéré sa position personnelle, celle d'un élu lyonnais avant que d'être communiste, capable de soutenir un tel projet, en mettant le temps d'un vote, un mouchoir sur sa façon d'analyser l'attitude de La CoUrLy à l'égard de Vénissieux en matière de rock. Personne ne passera inaperçu grâce à ce débat ; ainsi un troisième orateur socialiste, Gérard Collomb, tint à prendre la parole, pour une déclaration qui s'apparentait fort à une déclaration de politique générale. L'autre Collomb, de la minorité municipale, aura notamment cette envolée définitive sur le "provisoirement; définitif" à ne pas confondre avec le "définitivement provisoire". Et s'il n'en restait qu'un, ce sera Jacques Oudot. Au nom du groupe, R.P.R., et avec un calme olympien attirant un silence respecté, il certifiera qu'on ne peul certainement pas "réussir il faire une salle de musique avec l'arrière-pensée qu'elle peut être nuisible". Jacques Oudot, officiellement, émettra plus que des réserves sur l'aide que son groupe apporterait à une demande de subvention au Conseil régional pour ce projet. Mais il semblerait bien qu'André Soulier n'ait pas pris en compte une pareille aide dans le montage financier du dossier. En conclusion, Jacques Oudot soutiendra qu'il souhaite trouver en Rhône-Alpes un espace capable d'accueillir cinquante mille personnes, "quelque-soit le prix à y mettre". Si Stalingrad est passé à l'unanimité, on n'a donc. pas fini de reparler du dossier de Chassieu [...] Source : "Rock, foot et capotes au conseil" / Catherine Lagrange, Laurent Perzo et Daniel Arisi in Lyon Figaro, 8 décembre 1987, p.4.
note bibliographique "O.L. : les petits papiers portent conseil" / Brigitte Vital-Durand in Lyon Libération, 8 décembre 1987, p.3.

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